Sur le chemin de Compostelle

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Si vous levez le nez en allant de la boucherie au bureau de tabac, vous la verrez.



Depuis le 14e siècle, la statue de Saint-Jacques de Compostelle fait partie du patrimoine de Puimisson. Sa présence indique que Puimisson était une étape connue des pèlerins en route pour Compostelle, notamment en raison de son "hospice" (dans le sens ancien, hôtellerie), qu'on situe derrière l'actuel café, au fond de la petite impasse.



C'est au bois d'olivier, matériau imputrescible dont elle est faite, qu'elle doit d'avoir traversé les siècles quasiment sans une ride.
Mise à l'abri durant les travaux de rénovation de la façade qu'elle occupe, la statue a retrouvé sa niche, où elle sera désormais protégée des intempéries.
Avant cela, Saint-Jacques s'est gentiment prêté à une séance de shooting, histoire de nous révéler sa beauté.



A l'origine en bois polychrome, la statue qui a quasiment perdu toutes ses couleurs garde toutefois un charme majestueux et totalement intemporel.



Notez au passage les attributs du pélerin : bâton, gourde, sans oublier les fameuses coquilles....Saint-Jacques.


 
Pour en savoir plus :

Pumisson est situé depuis l’antiquité sur une grande voie romaine qui reliait Béziers à Lacaune.

 

Le « Castrum » de Puimisson (aujourd’hui la Mairie du village) contrôlait l’important carrefour ouvrant vers St-Martin des Champs, Murviel les Béziers jusqu’au Château de Mus qui longe le fleuve Orb en direction de Cessenon.

 

Cette position stratégique a façonné l’histoire de Puimisson en l’inscrivant au Moyen-Age comme halte des pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

 

Si l’emblème universellement connu pour guider les pèlerins est celui de la coquille ; à Puimisson, c’est le Saint, lui-même, qui a toujours fait office du repère pour les pèlerins. La niche dans laquelle est déposée la statue a été englobée au cours du temps par la maison dans laquelle vous pouvez la voir aujourd’hui à l’angle de la Place Neuve. Elle s’élevait autrefois en colonne.

 

La statue d’une hauteur de soixante-dix centimètres est d’une qualité sculpturale tout à fait remarquable. Datée du XIVème siècle, elle est en bois polychrome dont il reste encore quelques traces sur le chapeau. La tenue de Saint-Jacques est d’une réalité surprenante sur la tenue vestimentaire des pèlerins du XIVème siècle.

 

Cette parfaite adéquation à la réalité permet de faire deux déductions :

-       soit, le sculpteur local avait devant lui une vision quasi-permanente de pèlerins de passage à Puimisson

-       soit, une parfaite connaissance de la tenue « pérégrine » d’une confrérie locale.

 

Si vous vous attardez pour aller admirer cette œuvre superbe, vous découvrirez également que la niche qui referme le Saint est particulièrement riche en symboles. De part et d’autre, on distingue deux colonnes surmontées chacune d’une pomme de pin. Ce symbole est propre à Saint Martin qui est le Saint Protecteur de Puimisson. Saint Martin veille donc, par ce signe, à la fois sur la statue et sur les pèlerins de passage. Saint Martin accueille et protège la grande mouvance jacquaire à Puimisson.

 

Toutefois, c’est au-dessus de la niche qu’il faut surtout porter son attention. Mis en évidence sur quatre médaillons en reliefs, quatre signes se détachent.

 

-       En partant de gauche à droite, le premier est fait de trois ailes dans lesquelles certains chercheurs pensent qu’il s’agit d’un TAU stylisé, symbole des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, c’est-à-dire plus tard, les Chevaliers de Malte.

 

-       Le second que l’on retrouve aussi sur la grande porte d’honneur du château serait la « croix pattée » des templiers. Ce symbole est le signe d’une fonction hospitalière dans le village.

 

-       Le troisième représente une étoile définissant l’appellation de Compostelle « le Campus Stellae » ou Champ d’étoiles.

 

-       Le quatrième représente les ailes d’un moulin, peut-être en lien avec la fonction hospitalière de Puimisson et la présence de son moulin sur la colline de Mont-Rouge dont la tour est toujours visible aujourd’hui.

 

Ainsi, étaient remplis « Le Gite et le Couvert ».

 

L’ensemble de ces signes-là, au-delà de leur valeur Jacquaire, traduit la présence d’un ordre religieux militaire dans le village. Ces « couvents hôtels » ne se trouvaient pas dans l’enceinte des murs du « castrum » mais à l’extérieur sans toutefois en être très éloignés. Grâce aux recherches de l’historien Jacques Gartorze autour du livre « Lo Camin Nostre », l’emplacement de cette maison templière calquée sur les plans des monastères cisterciens a été retrouvé. La colonne dans laquelle a été placée la statue de Saint-Jacques située au bord du premier fossé protégeant Puimission était un point de ralliement pour les pèlerins.

 

A partir de la statue, deux chemins s’offraient à eux pour accomplir leur périple :

- soit rejoindre Castres par la grande voie romaine qui rejoignait le chemin d’Arles ou de Saint-Gilles à Saint-Gervais-sur-Mare,

- soit rejoindre Castres par un chemin secondaire en franchissant le fleuve de l’Orb au Château de Mus à Murviel-les-Béziers qui était un très bon raccourci.

 

Mais, ce raccourci devait franchir un obstacle et non le moindre au XIVème siècle, la forêt de Saint-Martin-des-Champs, zone d’insécurité qui nécessitait l’assistance obligatoire de nos moines soldats dont la mission était la protection des pèlerins.

Un grand merci à Florence Barthes, auteur de cet article très documenté.





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